Depuis la chute de Kadhafi, la Libye vit une guerre civile très violente qui a fait plusieurs milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et plusieurs milliards de dollars de destruction.
Surtout, le pays est totalement fragmenté, selon un triple clivage tribal, géographique et religieux. Trois grands blocs se sont affrontés en 2022 :
Le GNA tient toute la partie occidentale de la Libye, avec le soutien plus ou moins tacite de la Turquie, des États-Unis et de l’Italie.
Le LNA du maréchal Haftar détient toute la partie orientale, avec le soutien plus ou moins affiché des Russes, des Français, de l’Égypte et du Soudan.
Des groupes rebelles, terroristes, tribaux, criminels ou mercenaires, plus ou moins organisés, qui changent régulièrement de camp en fonction de l’évolution du conflit ou qui combattent pour des intérêts purement matériels d’enrichissement personnel.
Il n’existe donc pas de véritable État libyen en Libye : le pays fonctionne réellement sur un modèle tribal de fait, avec des chefs plus ou moins charismatiques qui contrôlent plus ou moins strictement des pans entiers du territoire. Le maréchal Haftar ou le fils Kadhafi, par exemple, contrôlent une grande partie de l’est du pays.
Cette absence d’État central contribue à alimenter les trafics en tous genres et à faire de la Libye une plaque tournante majeure pour de nombreuses activités criminelles : le marché noir des armes ou le trafic d’êtres humains et de migrants en sont probablement les exemples les plus connus, mais les différents chefs de tribus s’enrichissent également grâce à la vente de pétrole de contrebande.
Le projet de coalition politique parrainé par l’ONU pour réconcilier l’est et l’ouest semble également avoir complètement échoué, à tel point que le maréchal Haftar envisage même de déclarer la sécession de facto de la Cyrénaïque, la région orientale qu’il contrôle.
Plus largement, le risque terroriste existe toujours, avec des groupes politiques, religieux ou simplement opportunistes qui commettent régulièrement des attentats et des enlèvements.
Il est donc indispensable de procéder à une analyse préalable de la situation avant tout voyage en Libye, mais aussi et surtout de prévoir un dispositif de sécurité adapté aux réalités locales de ce pays confronté à une guerre violente et à un risque terroriste et criminel endémique.