ARMÉNIE et AZERBAÏDJAN
En 2025, l’Arménie poursuit sa réorientation stratégique vers l’Occident, à la suite de la perte du Haut-Karabakh en 2023, désormais entièrement sous contrôle de l’Azerbaïdjan. Cette défaite militaire, vécue comme un traumatisme national, a durablement fragilisé le gouvernement de Nikol Pachinian, toujours en poste mais contesté par une partie de la population pour son manque de réaction pendant l’offensive azérie et ses initiatives politiques considérées comme erratiques et hasardeuses.
Face à la neutralité de la Russie , qui était historiquement garante de la sécurité arménienne, pendant la guerre du Karabagh, Erevan a intensifié sa coopération avec l’Union européenne, la France et les États-Unis. En 2024, l’adhésion officielle de l’Arménie à la Cour pénale internationale – qui vise Vladimir Poutine – a marqué une rupture nette avec Moscou. En réponse, la Russie a fortement réduit sa coopération militaire et diplomatique avec l’Arménie, accentuant l’isolement de cette dernière dans une région dominée par des puissances hostiles.
La France a livré du matériel de défense à l’Arménie (notamment pour sa défense sol-air), mais cette aide reste insuffisante face à la supériorité militaire de l’Azerbaïdjan, fortement soutenu par la Turquie.
Sur le terrain, malgré l’absence de guerre ouverte, les tensions restent très élevées le long de la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Des escarmouches régulières ont eu lieu tout au long de 2024 et début 2025, en particulier dans les régions de Syunik et Tavush. L’Azerbaïdjan continue de revendiquer la création d’un corridor terrestre vers le Nakhitchevan, menaçant directement la souveraineté arménienne sur son territoire méridional.
À l’intérieur du pays, la situation politique reste volatile. Des manifestations de l’opposition se poursuivent à Erevan, parfois violemment réprimées. Les critiques visent la gestion sécuritaire du gouvernement, mais aussi les difficultés économiques croissantes : inflation, chômage et fuite des capitaux inquiètent une population déjà traumatisée.
Par ailleurs, la guerre a aussi entraîné un fort déplacement des populations (100 000 réfugiées) du Haut Karabagh qui ont fui vers l’intérieur du pays. Ce déplacement a accentué la pression sur les ressources sociales et a réduit nombre de ces nouveaux arrivants à la pauvreté. Ayant tout perdu, ils sont dépendants de l’aide humanitaire et en situation de grande fragilité dès lors que les subventions du gouvernement arménien ont été drastiquement réduites. L’Arménie est un pays majoritairement agricole (65 % des emplois dans les zones rurales, l’agriculture représente 15% du PIB en 2017) mais elle n’est pas en mesure d’absorber aisément un tel volume de réfugiés. Les disparités en termes de richesses ainsi que la précarité de ces personnes devraient s’accentuer, ce qui pourrait provoquer des mouvements sociaux.
L’Arménie demeure néanmoins un pays globalement sûr pour les étrangers, y compris dans la capitale. Cependant, les déplacements dans les zones frontalières avec l’Azerbaïdjan sont fortement déconseillés en raison du risque réel de tirs ou d’enlèvements. Le climat de tension régionale et le manque de garanties de sécurité extérieure nécessitent une veille attentive et des mesures de précaution renforcées pour tout séjour dans le pays.
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Depuis sa victoire militaire en 2020 et la reprise du Haut-Karabakh en 2023, l'Azerbaïdjan a renforcé ses ambitions géopolitiques, notamment en cherchant à établir le corridor de Zanguezour, visant à relier son territoire à l'exclave du Nakhitchevan et à la Turquie via l'Arménie. Ce projet suscite l'opposition de l'Iran, qui craint une perte d'accès terrestre à l'Arménie et une influence turque accrue dans la région. En réponse, l'Iran a proposé une alternative, le corridor d'Araz, pour préserver ses intérêts régionaux.
En 2025, les tensions entre l'Azerbaïdjan et l'Iran persistent, bien que des efforts diplomatiques aient été entrepris pour améliorer les relations. En avril 2025, le président iranien Masoud Pezeshkian a effectué une visite officielle à Bakou, aboutissant à la signature d'accords bilatéraux dans les domaines du transport, de la culture et de la coopération politique. Cependant, des incidents tels que l'exécution en mai 2025 d'un homme reconnu coupable d'une attaque contre l'ambassade d'Azerbaïdjan à Téhéran en 2023, ainsi que la révélation d'un complot iranien déjoué visant un rabbin en Azerbaïdjan, ont ravivé les tensions.
Les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie restent tendues. En mars 2025, les deux pays ont annoncé avoir convenu d'un projet de traité de paix pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh. Cependant, des violations du cessez-le-feu ont été signalées, notamment autour du lac Sev, et des escarmouches ont eu lieu le long de la frontière. L'Azerbaïdjan continue de revendiquer des territoires arméniens, tandis que l'Arménie exprime des préoccupations concernant les intentions de Bakou.
L'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, renforce sa position régionale. Des exercices militaires conjoints, tels que "Winter-2025" en Turquie, ont été menés avec la participation de forces spéciales azerbaïdjanaises. Cette coopération militaire accrue, combinée à des projets d'infrastructure comme le gazoduc reliant Nakhitchevan à la Turquie, accentue les inquiétudes de l'Iran et de l'Arménie quant à une possible escalade des tensions dans la région.