HAÏTI
En 2025, Haïti demeure plongé dans une crise multidimensionnelle extrême, combinant effondrement institutionnel, insécurité généralisée et catastrophe humanitaire. Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, le pays n’a jamais réussi à rétablir un pouvoir central opérationnel. Les gangs armés contrôlent aujourd’hui la majorité du territoire de Port-au-Prince ainsi qu’une partie des axes routiers stratégiques, empêchant tout retour à la normalité.
L’année 2024 a été marquée par une explosion de la violence : enlèvements de masse, viols collectifs, assassinats ciblés, incendies de quartiers entiers, massacres entre gangs rivaux ou contre des civils. Selon l’ONU, plus de 5 000 personnes ont été tuées entre janvier 2023 et décembre 2024. L’État haïtien est pratiquement absent dans plusieurs zones, laissant place à un pouvoir parallèle exercé par des groupes criminels. Le risque d’atteinte physique (enlèvement, agression, viol) pour une personne occidentale est maximal et rend le travail d’ONG ou d’autres institutions quasiment impossible. Ces dernières et leurs membres sont perçus comme riches ou corrompus, ciblés pour leurs biens ou influence ou attaqués lors de violences indiscriminées.
En mars 2024, après l’échec d’une transition politique consensuelle, une force multinationale dirigée par le Kenya a été déployée sous mandat onusien pour tenter de stabiliser la situation. En 2025, cette force continue ses opérations, mais avec des résultats mitigés : quelques quartiers ont été repris aux gangs, mais les combats sont violents, les pertes civiles importantes, et les capacités des forces internationales limitées face à la multiplicité des groupes armés et à l’hostilité locale.
L’économie haïtienne est en ruine : infrastructures détruites, inflation galopante, chômage massif, insécurité alimentaire sévère. La majorité des institutions publiques sont paralysées. Le système de santé est proche de l’effondrement, et les ONG peinent à intervenir faute de sécurité. Les écoles et universités sont largement fermées ou sous contrôle de milices.
Les risques naturels (séismes, inondations, cyclones) continuent de frapper un pays déjà sinistré. Plusieurs tempêtes, en 2024, ont aggravé la situation humanitaire, provoquant des dizaines de morts et des milliers de déplacés.
Pour les ressortissants étrangers, le risque est extrêmement élevé : enlèvements contre rançon, tirs croisés, violences aveugles, pillages, barrages illégaux. L’aéroport de Port-au-Prince fonctionne de façon très irrégulière et les déplacements sont quasiment impossibles sans escorte armée. La plupart des chancelleries occidentales recommandent une évacuation ou déconseillent strictement toute présence sur le territoire haïtien.