Pays à l’histoire millénaire, l’Iran est un État multiethnique à dominante perse et chiite. Depuis le XXe siècle, le pays est en proie à des troubles politiques et à une instabilité institutionnelle, ce qui a conduit à une succession de coups d’État, certains réussis, d’autres avortés. Depuis les années 1970, le pays est devenu une république islamique, fondée sur un mélange de lois laïques et de doctrine islamique chiite. Cette théocratie religieuse s’appuie sur un réseau de fonctionnaires, de policiers et d’agents de renseignement, dont l’expression la plus notable est le Corps des gardiens de la révolution, véritable garde prétorienne des oulémas.
Depuis sa création, la République islamique d’Iran s’est positionnée en marge du système occidental et a développé une rhétorique particulièrement hostile aux pays euroaméricains ou perçus comme affiliés à ces intérêts (notamment l’Arabie Saoudite et Israël). Ces relations tumultueuses et la propagande locale qui en résulte conduisent l’appareil d’État iranien à faire preuve d’hostilité, d’une vigilance excessive et même d’une forme de paranoïa à l’égard des étrangers en Iran.
Il est extrêmement fréquent que les autorités iraniennes arrêtent des ressortissants étrangers au motif plus ou moins fondé qu’ils sont des espions ou des agents d’influence. Ces prisonniers sont ensuite utilisés comme monnaie d’échange par les autorités iraniennes, dans une forme désormais bien connue de « diplomatie des otages ». Ce risque doit être pris en compte par les étrangers, notamment occidentaux, qui se rendent en Iran : l’utilisation d’appareils d’enregistrement (caméras, téléphones portables, micros de journalistes), où les déplacements « suspects » (c’est-à-dire en dehors des circuits touristiques), éveillent immédiatement les soupçons des services de sécurité locaux et peuvent conduire à des arrestations et des interrogatoires prolongés, voire servir de prétexte à une détention de longue durée. Il est également conseillé aux Occidentaux de limiter au maximum les contacts avec les citoyens locaux, afin d’éviter les accusations d’espionnage, d’agitation ou d’influence, mais aussi pour ne pas mettre en danger les résidents iraniens qui seront également interrogés.
En termes de secret des affaires, il est important de considérer que toutes les discussions, réunions ou échanges dans le pays doivent être considérés comme transparents pour les services de renseignement locaux et que toute tentative de déjouer cette surveillance entraînera une accusation d’espionnage et un renvoi du pays, voire une arrestation.
En ce qui concerne la criminalité, le pays est relativement sûr en raison de l’importante présence policière en Iran. Il convient toutefois de noter que les agressions sexuelles, le harcèlement ou la violence à l’égard des femmes seules, y compris les femmes occidentales, sont monnaie courante et ne sont généralement pas traités par la police. Une vigilance particulière s’impose donc pour les femmes occidentales souhaitant voyager seules dans le pays : il est recommandé, dans la mesure du possible, d’être accompagné d’au moins un ou plusieurs hommes lors de déplacements hors du domicile ou du lieu de travail.
D’un point de vue purement sécuritaire, les risques auxquels sont exposés les Occidentaux sont au nombre de quatre :
Le risque social et politique, lié aux manifestations anti-régime qui secouent le pays de manière chronique et a fortiori depuis la mi-septembre 2022, ces manifestations donnent lieu à des violences et à une répression importante, à des mouvements de foule, à de nombreuses arrestations et à des interruptions des services de télécommunication et d’internet. Il est donc recommandé de se tenir à l’écart de tous ces mouvements sociaux.
Les zones frontalières, moins contrôlées par le gouvernement central iranien, sont également soumises à des risques sécuritaires particuliers, car ces territoires servent d’interface à des trafics en tous genres qui alimentent les différentes guérillas locales. Ainsi, il est recommandé d’éviter autant que possible la zone frontalière avec le Pakistan et l’Afghanistan, mais aussi la région du Khuzestan, limitrophe de l’Irak. Les frontières avec l’Azerbaïdjan et le Turkménistan sont moins dangereuses d’un point de vue sécuritaire, mais elles sont fermées aux ressortissants étrangers et une présence trop proche de ces zones entraînera dans la plupart des cas une détention par les forces de sécurité iraniennes. La province iranienne du Sistan-Baloutchistan, à la frontière avec le Pakistan, est à éviter à tout prix en raison de la violente guérilla qui y sévit et du risque élevé d’enlèvement par des groupes armés, qui utilisent ensuite ces otages pour négocier la libération de leurs propres combattants.
Le risque terroriste, en raison de la présence en Iran de nombreux mouvements religieux, politiques ou ethniques qui recourent volontiers à la violence armée et aux coups d’éclat pour faire valoir leurs intérêts : ces attaques visent le plus souvent les intérêts de l’État iranien, mais les lieux publics sont également fréquemment visés. Par exemple, en octobre 2022, un attentat à la bombe revendiqué par l’État islamique a tué plusieurs dizaines de personnes dans un lieu de culte de la ville touristique de Shiraz.
Le Golfe Persique, situé sur la route hautement stratégique des hydrocarbures du Moyen-Orient, doit également être considéré comme une zone à risque en raison du conflit entre l’Iran et ses voisins arabes : les arraisonnements arbitraires de bateaux commerciaux ou de plaisance circulant dans ou au large des eaux iraniennes sont fréquents.
Ainsi, plus largement, l’Iran doit être considéré comme un pays à haut risque, tant sur le plan politique que sur le plan de la sécurité. Il est possible de se rendre en Iran, mais à condition de mettre en place des mesures de sécurité et des dispositifs de protection renforcés, tout en adoptant un comportement adapté au climat local.