LIBYE

En 2025, la Libye reste plongée dans un chaos politique et sécuritaire, sans perspective crédible de sortie de crise. Le pays est toujours divisé entre deux autorités rivales : à l’ouest, le Gouvernement d’unité nationale (GUN) basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah ; à l’est, une administration parallèle soutenue par le maréchal Khalifa Haftar et la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk. Les négociations sous l’égide de l’ONU n’ont pas permis d’organiser d’élections nationales, et les clivages institutionnels s’accentuent.

Le pouvoir réel est entre les mains de milices locales, de groupes armés tribaux ou idéologiques, qui se disputent le contrôle de zones stratégiques, de ressources économiques (pétrole, postes de douane, axes routiers) et des flux migratoires. Le sud du pays, vaste et faiblement contrôlé, est le théâtre de trafics d’armes, de drogues, d’êtres humains, ainsi que d’affrontements récurrents entre groupes touaregs, toubous et arabes.

À l’est, Khalifa Haftar maintient son autorité avec l’appui de forces russes (dont certains éléments issus de Wagner), émiraties et égyptiennes. À l’ouest, Tripoli est sous la coupe de milices alliées au gouvernement officiel, mais régulièrement en conflit les unes avec les autres. Ces affrontements intra-milices sont violents, imprévisibles, et ont éclaté à plusieurs reprises en 2024 dans des quartiers denses de la capitale.

La situation humanitaire est très dégradée : les hôpitaux sont en ruine, l’électricité et l’eau sont intermittentes, et les conditions de vie des déplacés internes et des migrants sont catastrophiques. Des camps de rétention de migrants — dans lesquels sévissent tortures, viols, extorsions — continuent d’exister, en dépit des alertes internationales.

Le secteur pétrolier reste l’un des seuls leviers économiques du pays, mais les blocages, sabotages et détournements de fonds empêchent tout redémarrage économique durable. Les infrastructures critiques sont régulièrement prises pour cibles.
Le risque terroriste, quoique moins élevé qu’en 2015-2017, n’a pas disparu. Des éléments de l’État islamique sont toujours actifs dans le sud et le centre du pays, notamment dans la région de Sebha. Les enlèvements, assassinats ciblés et attaques contre les forces de sécurité locales y sont réguliers.

Pour les ressortissants étrangers, la Libye est l’un des pays les plus dangereux au monde. Les risques d’enlèvement, de détention arbitraire, de disparition ou d’assassinat sont extrêmement élevés, y compris dans les zones sous contrôle gouvernemental. Il n’existe pratiquement plus de services consulaires occidentaux sur place.

Tous les déplacements sont formellement déconseillés, sauf dans le cadre de missions humanitaires ou diplomatiques sous très haute protection.