Le Maroc s’est imposé au cours des dernières décennies comme une grande puissance africaine. Le pays dispose d’une économie dynamique : le royaume est par exemple le troisième producteur mondial d’agrumes et le premier exportateur mondial de phosphates. Le secteur industriel fait face à des plans massifs de la part du gouvernement marocain, notamment à travers le fameux Pacte national pour l’émergence industrielle. Par ailleurs, la position géographique du pays, à cheval sur la Méditerranée et l’Atlantique, en fait une interface stratégique entre les mondes européen et africain. Enfin, la monarchie marocaine a fait preuve d’une stabilité politique assez rare sur le continent africain, puisque le pays a traversé le début du XXIe siècle dans une relative tranquillité, mais évident par rapport aux autres États d’Afrique du Nord.
Cependant, même si le pays domine par son dynamisme économique et sa résilience politique, le Maroc fait face à des défis majeurs, tant structurels que conjoncturels. Sa position géographique, si elle est une force, devient aussi un problème très concret.
Par exemple, de par sa position, le pays est au cœur des flux migratoires africain vers l’Europe. Les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, en territoire marocain, donnent lieu à de fréquentes échauffourées : l’enjeu est immense pour les migrants subsahariens, car réussir à entrer dans les enclaves espagnoles leur permet de pénétrer sur le territoire de l’UE et ainsi de bénéficier de la protection des demandeurs d’asile et des mécanismes d’aide associés. Toujours en 2022, plusieurs milliers de migrants ont tenté d’entrer au Maroc, ce qui a donné lieu à des bousculades mortelles en juin. Ces flux importants contribuent à polariser et diviser la société marocaine, certains associant la présence de ces migrants subsahariens à une supposée augmentation de la criminalité ou des trafics en tous genres.
Par ailleurs, dans le sud du pays, le Maroc est toujours englué dans un conflit pour le contrôle du Sahara occidental. Officiellement sans autorité l’administrant, le Sahara occidental est néanmoins revendiqué d’une part par le Maroc et d’autre part par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), une république proclamée par le Front Polisario (soutenu par l’Algérie). Bien que le Sahara occidental soit de facto contrôlé à 80% par le Maroc et à 20% par la RASD, l’ONU ne reconnaît ni au Maroc ni à la RASD l’autorité sur cette zone géographique. Ce territoire donne lieu à de fréquentes escarmouches entre les deux camps, le Front Polisario étant notamment soutenu militairement par l’Algérie, grand rival régional du Maroc.
Enfin, sur le plan intérieur, le pays est également confronté à des défis. Malgré le dynamisme économique évoqué, qui fait du pays une place financière importante en Afrique, le chômage reste très élevé, notamment chez les jeunes, puisqu’un quart des jeunes sont au chômage en 2022. Cette situation sociale difficile a entraîné une augmentation importante des mouvements sociaux dans le pays, d’autant plus que les restrictions de voyage liées au COVID ont fortement impacté le secteur touristique marocain.