Petit pays enclavé entre l’Ukraine et la Roumanie (dont elle est historiquement très proche), la Moldavie est confrontée à une multitude de défis économiques, sociaux et sécuritaires qui méritent une attention particulière.
Sur le plan économique, depuis son indépendance en 1991, le pays peine à évoluer vers une économie de marché, notamment en raison de la sécession de tout le nord-est du pays, la Transnistrie : ce territoire, cœur industriel de la Moldavie, est peuplé de Russes et de russophones, contrairement au reste du pays, peuplé de Moldaves, un peuple ethniquement plus proche des Roumains. Ceci explique la sécession de cette petite bande de terre et son indépendance de fait depuis 1991.
Privée de la Transnistrie et donc de la quasi-totalité de son appareil industriel et économique, la Moldavie est confrontée à de très graves difficultés économiques qui ont poussé une partie de la population à émigrer vers l’Europe occidentale, mais aussi une autre frange des Moldaves à plonger dans la grande criminalité : le pays est ainsi devenu une plaque tournante du trafic de voitures volées, de la contrebande de cigarettes, du trafic de drogue, mais aussi du trafic d’êtres humains et notamment de la pédopornographie. Le pays reste globalement paisible d’un point de vue sécuritaire, mais l’omniprésence des réseaux criminels nécessite, avant toute installation ou tout aménagement sur place, d’effectuer une sérieuse due diligence pour éviter les partenaires les moins recommandables.
Mais si le pays est globalement calme sur le plan sécuritaire, avec un niveau de violence contre les personnes relativement faible pour la région, il est important de noter un risque sécuritaire beaucoup plus structurel et important, lié à l’évolution du conflit en Russie et à la politique étrangère russe. En effet, du fait de sa proximité avec l’Ukraine et de la présence de la Transnistrie sécessionniste (où des soldats russes sont stationnés en permanence), la Moldavie est en première ligne en cas d’escalade régionale suite à une nouvelle offensive russe de grande ampleur dans le sud de l’Ukraine. Bien que les revers de l’armée russe au cours de l’été 2022 aient repoussé pour longtemps tout effort significatif en direction de la ville ukrainienne d’Odessa, il semble probable que si la Russie décide finalement à plus long terme de tenir toute la côte de la mer Noire, elle inclura de facto la Transnistrie dans ce nouvel ensemble. Dans cette configuration, la Moldavie se retrouverait de facto dépossédée de la Transnistrie au profit de la Russie, avec un risque d’accroissement des tensions à la frontière entre ces deux pays.
Bien que ce scénario reste très hypothétique à l’horizon de janvier 2022, il a déjà des conséquences réelles qui justifient de l’évoquer dès maintenant : en prévision d’une telle éventualité, tant la Moldavie que la Transnistrie préparent déjà leurs armes, ce qui a donné lieu à de nombreuses manifestations de part et d’autre de la ligne de sécession, mais surtout à des attaques de drones en Transnistrie contre des bases russes, visiblement attribuées à des militants ukrainiens, mais qui, si elles avaient été attribuées à des Moldaves, aurait pu conduire à une escalade sur place. Cette tension, de part et d’autre de la frontière, fait de la Moldavie un pays particulièrement risqué à moyen et long terme, avec des risques réels de dommages physiques pour le personnel et les entreprises situées à proximité immédiates de la ligne de sécession.