REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (Kinshasa)
La République démocratique du Congo reste, en 2025, plongée dans une instabilité chronique, marquée par une détérioration sécuritaire persistante dans l’est du pays, une crise humanitaire majeure, et une fragilisation continue de l’autorité de l’État.
L’est de la RDC est toujours le théâtre d’un conflit armé intense. Le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, contrôle toujours plusieurs localités dans le Nord-Kivu, notamment autour de Rutshuru et Masisi, où des combats violents se poursuivent contre les FARDC (Forces armées congolaises) et leurs alliés. L’appui du Rwanda au M23 a été de nouveau dénoncé par Kinshasa et plusieurs ONG internationales.
Le point d’orgue de cette confrontation a été atteint fin janvier 2025, avec la prise de Goma par les combattants du M23. Cette offensive éclair, appuyée selon certaines sources par des moyens logistiques rwandais, a permis au groupe armé de s’emparer de la capitale provinciale du Nord-Kivu en moins de 72 heures, entraînant la fuite de milliers de civils et un retrait précipité des forces congolaises. La chute de Goma, ville stratégique à la frontière rwandaise, remet en cause le fragile équilibre sécuritaire de la région, affaiblit davantage l'autorité de l'État congolais dans l'est du pays, et menace les accords régionaux sur la coopération sécuritaire et l’exploitation minière. Cette occupation a aussi suscité une vive inquiétude chez les partenaires internationaux de la RDC, notamment l’Union africaine et l’ONU, qui redoutent une escalade régionale.
Parallèlement, d’autres groupes armés restent actifs dans la région :
Les ADF (Forces démocratiques alliées, affiliées à l’État islamique), responsables de massacres de civils dans le nord du Nord-Kivu et dans l’Ituri.
Les milices Mai-Mai, les milices communautaires Banyamulenge ou Nyatura, impliquées dans des conflits locaux ou des représailles.
Les groupes armés Pygmées et Luba s'affrontent encore dans l’ancien Katanga, notamment autour de Manono.
La province du Kasaï, en 2025, demeure relativement plus calme sur le plan militaire, mais connaît une criminalité endémique liée à la pauvreté extrême et à l’absence de services publics.
Malgré la présence persistante de la MONUSCO, dont le retrait progressif est désormais engagé, la population ne bénéficie d’aucune protection fiable. De nombreux déplacés vivent dans des conditions précaires à Goma, Bunia ou Bukavu. L’OIM estime à plus de 7 millions le nombre de déplacés internes, un record historique.
Kinshasa, bien qu’épargnée par les combats, reste une ville dangereuse. Les risques incluent :
Vols violents, cambriolages et carjackings, visant souvent les expatriés.
Enlèvements contre rançon, en forte hausse depuis plusieurs années.
Violences sexuelles, fréquentes dans les zones urbaines et peu poursuivies.
Les manifestations politiques, comme celles qui ont précédé les élections de décembre 2023, peuvent dégénérer rapidement, surtout à Goma et Kinshasa.
Les tensions avec le Rwanda restent vives, alimentées par la présence du M23, et risquent d’évoluer vers un conflit interétatique. La présence de sociétés militaires privées, de puissances étrangères (notamment russes) et de trafiquants d’or et de coltan contribue à la complexité de la situation dans l’est.
Le processus électoral reste sujet à contestations, même si la réélection de Félix Tshisekedi a été formellement confirmée. L’opposition dénonce des fraudes et un verrouillage du système institutionnel.
Les déplacements sont formellement déconseillés dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Tanganyika, Maniema, Haut-Uele, et dans toutes les zones frontalières avec le Rwanda, l’Ouganda, le Soudan du Sud et le Burundi.
Kinshasa exige une vigilance accrue, même en zone diplomatique.
Les travailleurs humanitaires sont de plus en plus perçus comme des cibles ou des boucs émissaires. La sécurité des ONG doit être renforcée. 2024 à été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaires. Cela s’explique par le fait que le personnel local est de plus en plus pris pour cible, l’impunité croissante de ceux qui commentent ce type d’exactions, une criminalisation et une désinformation croissante. Tout cela, liés à la baisse des subventions, notamment du à la suppression de l’US aid augmente le risque sur les travailleurs humanitaires.