ETHIOPIE
En 2025, l’Éthiopie reste un pays profondément fragilisé par les conflits internes, les tensions interethniques et les conséquences du conflit au Tigré, officiellement terminé mais dont les séquelles humanitaires, politiques et sécuritaires sont encore très présentes.
Depuis l'accord de paix de Pretoria signé en novembre 2022 entre le gouvernement fédéral et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), la région du Tigré a connu une désescalade des combats. Cependant, l’application de l’accord est lente et incomplète. La réintégration administrative, la reconstruction des infrastructures et le retour des déplacés restent très partiels. La région reste en proie à une crise humanitaire majeure, avec des besoins en eau, nourriture et soins médicaux toujours criants.
Dans d’autres régions, les conflits se sont multipliés ou intensifiés en 2024 et au début 2025 :
Dans l’Amhara, les tensions entre les milices amhara (Fano) et l’armée fédérale ont dégénéré en conflit ouvert. Malgré un état d’urgence déclaré en 2023, les affrontements, les arrestations massives et les exécutions extrajudiciaires se poursuivent. La région est fortement militarisée, et les accès sont strictement contrôlés.
Dans l’Oromia, des affrontements récurrents opposent les forces de l’État à l’Armée de libération oromo (OLA), qualifiée de groupe terroriste par Addis-Abeba. Les violences, très meurtrières, affectent les populations civiles et alimentent une instabilité chronique dans la région la plus peuplée du pays.
À la frontière avec le Soudan et l’Érythrée, les tensions territoriales persistent, notamment dans la zone contestée d’al-Fashaga, tandis que l’Érythrée maintient une posture militaire hostile le long de la frontière nord.
À Addis-Abeba, la capitale reste sous contrôle du gouvernement, mais la sécurité y est renforcée, notamment autour des institutions, des ambassades et des quartiers stratégiques. Des tensions communautaires peuvent y éclater sporadiquement.
La situation humanitaire générale est alarmante : plusieurs millions de personnes sont déplacées internes, et l’insécurité alimentaire s’aggrave dans plusieurs régions. L’accès humanitaire reste entravé par les combats, les restrictions administratives et l’hostilité envers certaines ONG internationales.
Sur le plan politique, le Premier ministre Abiy Ahmed reste au pouvoir mais son autorité est fragilisée par l’éclatement du front intérieur et les critiques croissantes de la population. Les espoirs de réconciliation nationale portés par le prix Nobel de la paix reçu en 2019 se sont largement estompés.
Les conditions de sécurité sont très dégradées sur une large partie du territoire, avec des risques élevés d’enlèvements, de violences interethniques, d’embuscades ou de blocages. Les zones de conflit sont formellement déconseillées, tout comme les déplacements routiers hors de la capitale.