Depuis la prise de contrôle du pays par le mouvement politico-religieux des Talibans, la situation en Afghanistan a vu réapparaître des rapports de force traditionnels. Déjà marqué par près de quarante ans de guerre contre plusieurs adversaires successifs, le pays est aujourd’hui confronté à plusieurs types de menaces.
Tout d’abord, malgré la dislocation de l’armée nationale afghane lors de la ruée vers Kaboul à l’été 2021, un certain nombre de soldats, et notamment d’officiers, ont rejoint des groupes et milices opposés aux Talibans, en particulier des groupes de l’ancienne Alliance du Nord. Si pour l’instant ces groupes ne sont pas entrés en résistance violente contre les talibans, ils constituent une force estimée à plusieurs dizaines de milliers de combattants, avec un potentiel de déstabilisation très réel.
Ensuite, le pays doit faire face à l’influence croisée des grands pays voisins qui se livrent sur place une guerre d’influence plus ou moins larvée : Tadjiks, Ouzbeks et Pakistanais placent ainsi leurs pions dans une perspective de long terme, tandis que l’Iran, la Chine et la Russie se livrent à une forme d’équilibrisme géopolitique pour profiter de la victoire du mouvement taliban (ou plutôt de la défaite américaine), sans donner l’impression de soutenir les fondements de ce régime.
Enfin, et c’est sans doute le plus symptomatique, l’Afghanistan est aujourd’hui sous la menace directe de DAECH-K (ISIS-K), la branche locale de l’État islamique, qui, après avoir fait la guerre à l’ancien gouvernement afghan, mène aujourd’hui une guerre totale contre les Talibans, multipliant les attentats et les enlèvements. Les Talibans, dépourvus de moyens de sécurité et de véritable appareil de renseignement, sont dans une position complexe, incapables de contenir ce phénomène terroriste croissant. Ce phénomène inquiète même les institutions internationales, car il existe un risque important que l’Afghanistan se cristallise comme base arrière du terrorisme islamiste, cette fois-ci sous le patronage de DAECH-K, qui profiterait de la faiblesse de l’État taliban local pour former des cadres et des terroristes en Afghanistan avant de commettre des attentats à l’étranger.
L’Afghanistan est donc un pays très instable avec un niveau de risque extrêmement élevé pour tous les voyageurs extérieurs. C’est particulièrement le cas pour les travailleurs humanitaires, les journalistes et les femmes, qui sont des cibles privilégiées pour la violence, les attaques et les tentatives d’enlèvement. L’augmentation des attaques de DAECH-K en 2022 doit être prise particulièrement au sérieux. Tout voyage ou mission dans le pays nécessite un dispositif de sécurité très solide qui prend en compte tous les risques locaux.