Depuis 2015, l’Allemagne a accueilli plus d’un million de migrants et a investi des dizaines de milliards d’euros pour faciliter leur intégration professionnelle. Le gouvernement a soutenu les établissements de formation professionnelle ainsi que les entreprises qui ont recruté des migrants et des réfugiés par le biais d’incitations financières et d’allégements fiscaux. De plus, la situation économique allemande était particulièrement bien adaptée à l’absorption de ces nouvelles populations : L’Allemagne a une économie industrielle basée sur les exportations, elle a une population vieillissante et a donc besoin d’un apport étranger pour renouveler sa main-d’œuvre, et elle dispose d’un code du travail très flexible qui lui permet de créer des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés. Pour ces raisons, l’intégration des migrants et des réfugiés en Allemagne est un succès économique, avec seulement un migrant sur deux au chômage, un meilleur taux que celui de ses voisins d’Europe occidentale.
Cependant, la situation reste tendue en Allemagne et si l’intégration économique des migrants semble être sur la bonne voie, le pays est toujours en proie à une profonde crise identitaire. Le parti AfD est toujours en progression, notamment dans les régions orientales du pays, une progression encouragée par divers événements : viol collectif d’une jeune Allemande par des étrangers à Leipzig, diffusion de l’appel à la prière à Cologne chaque semaine avec le soutien de la mairie, patrouilles impliquant des véhicules de police turcs dans les quartiers turcs de Berlin, etc. Les populations immigrées sont encore largement surreprésentées dans les statistiques de la criminalité : dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, par exemple, 40 % des agressions avec arme sont commises par des migrants.
Si l’Allemagne semble être sortie de la vague terroriste de 2015-2020, le pays est toujours confronté à ce défi identitaire et aux tensions que cela a créées dans la société : depuis 2020, l’Allemagne fait face à une montée du risque terroriste de la part des groupes nationalistes. Par exemple, le pays a dû démanteler plusieurs unités du KSK (GIGN allemand), dont certains membres avaient créé une organisation paramilitaire visant à déclencher une guerre raciale. De même, les attentats de Halle et Hanau ont été attribués à des loups solitaires d’extrême droite. Enfin, à l’automne 2022, la police allemande a arrêté des dizaines de militants monarchistes qui préparaient un coup d’État contre les institutions allemandes.
Sur un autre plan, l’Allemagne est également confrontée à une série de manifestations de grande ampleur dans plusieurs grandes villes du pays qui critiquent la politique allemande vis-à-vis de la guerre en Ukraine : ces mouvements populistes, parfois prorusses, reprochent au gouvernement fédéral son soutien à l’Ukraine et les conséquences économiques de cette politique, responsable de l’inflation des prix en Allemagne. Pour l’instant, ces manifestations restent marginales, mais elles sont les signes d’une situation sociale qui reste globalement très polarisée, notamment depuis la crise migratoire de 2015.