BIRMANIE / MYANMAR

En 2025, la Birmanie (Myanmar) est toujours plongée dans une guerre civile généralisée, marquant l'une des crises les plus graves de son histoire contemporaine. Depuis le coup d'État militaire du 1er février 2021, qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, le pays est fragmenté entre la junte militaire, les groupes ethniques armés et les forces prodémocratie réunies sous la bannière du Gouvernement d’unité nationale (NUG).


L’année 2024 a été marquée par une recrudescence des offensives contre la junte. Des coalitions régionales entre groupes rebelles (notamment dans les États de Rakhine, Kachin, Chin et Shan) ont mené des campagnes militaires coordonnées. En plusieurs endroits, l’armée régulière a subi des revers majeurs, perdant le contrôle de villes entières, de postes frontaliers et d’axes logistiques stratégiques.


Ces succès de la résistance ont entraîné une intensification de la répression. L’armée a eu recours à des bombardements aériens massifs sur des zones civiles, à des exécutions extrajudiciaires, et à l’utilisation d’infrastructures médicales et scolaires comme bases militaires. Les Nations Unies estiment qu’environ 2,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays depuis 2021, et les besoins humanitaires sont immenses.


Les tensions ethniques persistent parallèlement au conflit politique. Les Rohingyas, peuple musulman apatride vivant dans l’ouest du pays, continuent d’être persécutés. Des camps de réfugiés à la frontière bangladaise ont été attaqués en 2024, et de nombreux Rohingyas sont victimes de traite humaine, de trafic d’armes ou sont enrôlés de force par des groupes armés.
Le risque sécuritaire est très élevé sur l’ensemble du territoire. Les zones frontalières, en particulier celles avec la Chine, la Thaïlande, l’Inde et le Bangladesh, sont des zones d’approvisionnement et de passage pour les guérillas, rendant toute présence étrangère particulièrement risquée.


La junte a relancé l'obligation de service militaire en 2024, y compris pour les jeunes femmes, entraînant une fuite accrue des jeunes birmans vers les pays voisins ou vers les milices rebelles. Dans les zones urbaines contrôlées par la junte, le contrôle social est renforcé : couvre-feux, arrestations arbitraires, coupures d’internet et surveillance numérique sont monnaie courante.
Malgré un retour partiel des visas touristiques, les déplacements sont fortement déconseillés. Le risque d’arrestation, d’enlèvement ou d’exposition aux combats est trop élevé. Même dans les grandes villes comme Rangoun ou Mandalay, des attentats ciblés et des fusillades éclatent sporadiquement.


Le Myanmar est également devenu un centre majeur de production de drogue (méthamphétamines, opium) et des zones entières sont contrôlées par des cartels ou des groupes criminels. Cette activité alimente la corruption et accroît le danger pour les civils et les étrangers.

Pour les ONG, les risques de violences sont réels. Les risques sont associés aux mouvements sociaux mais aussi aux conflits intérieurs. En 2023, deux membres de l’ONG « Save the Children » ont été portés disparus après avoir subi l'attaque de l’armée birmane dans l'État de Kayah, dans l’est du pays, qui avait fait trente-cinq morts. La junte semble délibérément viser les ONG. La même association avait vu, le 1er février 2023, ses locaux détruits par une frappe aérienne. La question sensible des Rohingyas pèse aussi sur les ONG qui peuvent être visées au nom de l’aide qu’ils apportent à cette population.