L’avènement du Brexit « dur », rendu effectif par le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne le 1er février 2021, met le gouvernement britannique en difficulté. L’accord de sortie a fait l’objet de négociations ardues et de tractations portant en particulier sur trois sujets :
- les quotas de pêche et la gestion des eaux territoriales entre le Royaume-Uni insulaire et ses voisins continentaux ;
- ensuite, la sortie du marché unique européen et la mise en place d’un accord de commerce et de coopération lui succédant ;
- enfin, la question épineuse du rétablissement d’une frontière physique entre la province britannique de l’Irlande du Nord et la république d’Irlande, sur une île dont l’histoire récente est marquée par 30 années de guerre civile.
L’existence et l’intégrité territoriale du Royaume-Uni sont elles-mêmes menacées sur le plan politique par les velléités indépendantistes d’une Écosse encore attachée à l’Union européenne et qui souhaiterait la rejoindre en tant que nation indépendante, mais aussi par la volonté des nationalistes irlandais d’Irlande du Nord de rejoindre la république d’Irlande au détriment du Royaume-Uni.
Sur le plan économique, Londres n’est plus la première place boursière européenne et perd son rang au profit d’Amsterdam. En effet, le Brexit fait perdre au Royaume-Uni une partie de son attractivité. C’est pour pallier ces risques commerciaux que le Royaume-Uni tente de diversifier ses partenaires économiques.
Durant la campagne du Brexit, les conservateurs avaient ainsi émis le souhait de relancer le rapprochement avec les pays membres du Commonwealth afin de trouver de nouveaux débouchés commerciaux. En effet, l’organisation du Commonwealth regroupe 54 États (dont des poids lourds économiques : Inde, Pakistan, Australie, Canada), répartis sur cinq continents et dominant certaines des routes maritimes les plus fréquentées au monde.
Le marché du Commonwealth compte plus de 2,4 milliards de consommateurs qui ont pour la plupart tout juste commencé leur transition vers la classe moyenne. Ceux-ci représentent donc un potentiel non négligeable de croissance dont le Royaume-Uni pourrait profiter. A l’heure de l’émergence de grands ensembles civilisationnels, Londres cherche à restaurer des liens avec ses anciens territoires coloniaux anglophones et encore marqués par la culture britannique.
Sur un tout autre plan, sanitaire, la pandémie de coronavirus a durement frappé le Royaume-Uni qui est à ce jour le pays le plus touché d’Europe.
Du point de vue sécuritaire, le Royaume-Uni est actuellement en niveau d’alerte terroriste « substantiel ». La principale menace identifiée est le terrorisme islamiste mais le risque de terrorisme relatif au problème nord-irlandais est désigné comme « sévère » par le gouvernement britannique.
Comme ailleurs en Europe, la criminalité a migré dans le domaine numérique, le Royaume-Uni ayant connu une augmentation substantielle du nombre d’attaques cyber cette année. Le rapport Cyber Security Breaches Survey de 2021 établit ainsi que 39% des entreprises britanniques ont fait face à une attaque ou une faille informatique sur l’année écoulée. Des attaques qui ont des conséquences délétères, notamment pour les TPE/PME, puisqu’en moyenne une attaque coûte 8460 £ à chaque entreprise. Les particuliers ne sont pas en reste, puisque le Royaume-Uni est le pays qui a connu le plus grand nombre d’attaques ransomware, avec un total de 14 603 315 attaques en seulement six mois. Pour rappel, ces attaques consistent à encrypter le terminal informatique de la victime : celle-ci doit alors payer une somme importante pour retrouver l’accès à son ordinateur et ses données… Alors que la crise COVID a forcé des millions d’acteurs économiques à faire leur transition digitale, souvent de façon précipitée, la criminalité s’est donc évidemment adaptée pour tirer profit de ce nouveau marché.
Enfin, les derniers mois de 2021 ont donné lieu à un affrontement larvé entre le Royaume-Uni et la France autour de la problématique des zones de pêche, le tout sur fond d’un Brexit dont les modalités, parfois mal définies, entretiennent un flou alimentant les tensions. La France accuse ainsi le Royaume-Uni de ne pas respecter l’accord de sortie de l’Union Européenne, en n’accordant pas assez de licences de pêche aux chalutiers français, ce qui a justifié des sanctions contre les britanniques : bateaux déroutés, menaces, convocations judiciaires, etc. Les tensions restent pour le moment purement diplomatiques, mais la situation ne semble pas s’apaiser alors que le Royaume-Uni tient fermement sa position et que la France est soutenue par ses alliés européens.